Salut! Êtes-vous prêt.e.s à voir l’été pointer le bout de son nez ?
Pour la première fois, j’ai envie d’écrire sur le yoga sur Substack. Peut-être que certain.e.s d’entre vous m’ont suivi sur cette plateforme en pensant que ça allait être mon principal sujet (avant de se rendre compte que j’écris sur ma vie et sur absolument tout et n’importe quoi, mais jusqu’ici pas sur le yoga -guilty-).
Partons d’un constat (personnel et pas du tout vérifié par la science MAIS partagé par un certain nombre de consoeurs): l’âge d’or du yoga est terminé. Je m’explique: le yoga était hyper populaire de 2015 à +- 2022. On trouvait en ville des studios et des profs à tous les coins de rue, et d’innombrables cours : les classiques hatha, vinyasa, ashtanga, iyengar et yin, mais aussi du nidra, du hot, du wall yoga, du puppy yoga, du beer/wine yoga, you name it. Certains profs sont devenues de véritables stars, et les retraites se remplissaient toutes hyper vite.
Aujourd’hui, les studios de yoga ferment les uns après les autres, et les anciens “yogis” se tournent vers des pratiques moins spirituelles (certains diraient dogmatiques), comme le pilates ou le spinning. On voit aussi apparaître un attrait particulier pour les sports à haute intensité – course de fond, hyrox, etc. – ancrés dans la performance et le dépassement de soi. Elles sont presque à l’inverse du yoga, qui prône un ralentissement et une écoute plus attentive du corps (même si certaines pratiques sont très sportives et requièrent une grande connaissance de son corps et des ses limites). Est-ce que ces nouvelles trends sportives ont été popularisés au détriment du yoga et est-ce qu’ils ont encouragé l'incapacité à ralentir dans notre société capitaliste et consumériste ?
J’avoue que ces derniers mois, j’ai peu pratiqué - de yoga et de mouvement en général. Comme souvent pour moi, lors des périodes de transition (ici en l’occurence, un déménagement), le corps se met en “off” le temps de se réguler et d’absorber les nouvelles informations, les nouveaux lieux, les nouvelles personnes. J’ai essayé de revenir plusieurs fois à la pratique sans en retirer une grande satisfaction, en m’attendant à ressentir des sensations assez fortes que je n’ai pas réussi à atteindre.
Ce week-end, j’ai participé à un workshop de yoga “avancé”, dédié aux profs formés via le programme que j’ai suivi il y a maintenant -déjà!- 3 ans. J’y suis allée un peu avec les pieds de plomb, en ayant peur d’avoir perdu mes acquis, et de ne pas avoir le même niveau que les profs fraîchement gradués. Mais d’un autre côté, j’avais franchement envie de reconnecter avec une pratique régulière, de prendre soin de moi, d’être à l’écoute, un brin plus disciplinée. J’avais l’attente d’être réenchantée par la pratique et d’en découvrir une nouvelle facette qui serait plus en phase avec la “moi” actuelle.
Car c’est ça la beauté du yoga, et pour moi une des plus grandes forces de cette pratique : peu importe à quel point une séquence peut être créative, on revient toujours aux mêmes mouvements de base, avec quelques variations: pas un cours ne se passe sans chien tête en bas, sans position de la pince (forward fold), ou sans un bon vieux guerrier I, II ou III. Ce qui m’émerveille le plus dans la pratique, c’est que les poses sont toujours les mêmes mais les sensations qui y sont liées apporteront chaque jour leur lot de nouvelles informations. C’est ça qui explique la richesse de cet enseignement : Comment se sent-on aujourd’hui, à ce moment ? quel est notre niveau d’énergie ? dans quel endroit du corps est-ce qu’on sent le plus la posture ? a-t-on déjà réfléchi à son alignement, à comment influence la position des bras, des épaules ou des gros orteils ? Est-ce que je contracte ce qu’il faut contracter, et étend ce qu’il faut étendre ? Est-ce que je respire correctement ? Où va mon regard ? Où vont mes pensées ?
C’était également notre conclusion du workshop : le yoga est tellement plus que les asanas (les postures). Il agit comme un véritable miroir de ce qu’il se passe à l’intérieur au moment M. C’est une écoute et un retour continuel à soi; pas à travers le prisme des pensées qui peut-être grisant, très fluctuant mais via le prisme du corps, plus ancré et organique. En pratiquant à nouveau dans ce même studio (coeur sur le Studio Joji!), avec la même prof (coeur sur Haein!), et les mêmes personnes qu’il y a 3 ans, je me suis rendue compte de tout ce qui avait changé dans ma pratique, notamment du fait que j’avais beaucoup plus confiance en moi qu’avant. Et ca, je l’ai remarqué directement à travers mon corps: beaucoup plus de lâcher-prise dans les moments frustrants (il y en aura toujours), un regard moins fluctuant, et surtout beaucoup beaucoup moins de jugement envers moi-même, envers mon corps, ses forces et ses faiblesses. Ma pratique était légère, facile et joyeuse, ce que je n’attendais pas après plusieurs mois d’inactivité.
Elle l’était non pas parce que mes mouvements sont devenus magiquement aériens après plusieurs mois de pratique très irrégulière, mais parce que j’ai shifté ma vision de yoga qui était très axée sur la discipline (quelque chose qu’il FAUT faire tous les jours, sinon t’es pas un vrai yogi et tu n’as pas de légitimité pour enseigner) vers quelque chose qu’on pourrait appeler de la dévotion. Pas envers une quelconque déité, mais envers la magie de mon corps, de son abilité à marcher, danser, bouger, guérir d’une otite, supporter un évènement stressant, décharger des émotions lourdes à porter. Et c’est cette dévotion que j’ai envie de partager, en prouvant par le mouvement le fait que notre corps peut être notre ami et plus grand allié si on reconnecte un tant soit peu avec ses sensations et qu’on lâche le contrôle quelques minutes.
Ce qui change aussi ma perspective, c’est d’avoir pu durant ce week-end pratiquer en groupe: c’est clair que c’est très différent de pratiquer seul dans son salon. C’est ce qui me manque le plus depuis l’arrêt de mes cours en novembre dernier: le sentiment de communauté autour de la pratique. Se voir toutes les semaines pour faire un check-in interne et aussi prendre soin les unes des autres; bouger individuellement mais sentir la présence des autres femmes autour de nous; entendre leurs respirations, et leurs rires parfois. C’est dans la pratique collective que le yoga prends tout son sens.
Tout ça pour dire que l’objectif de départ est atteint: j’ai reconnecté avec les raisons qui m’ont donné envie d’ “enseigner” (guider serait un meilleur mot?) le yoga il y a quelques années. J’aimerais offrir des cours en ligne, moins souvent (une fois toutes les deux semaines?) mais un peu plus longs (1h30?) pour pouvoir donner l’occasion à plus de monde de participer et d’aller plus en profondeur dans certains aspects. Je compte faire quelques tests cet été, ça t’intéresse ?
En conclusion: l’âge d’or du yoga est peut être bel et bien terminé. En tous cas, il n’est plus aussi trendy qu’il y a quelques années. C’est peut-être l’occasion pour les yogis de se réinventer, de rafraîchir nos perspectives et de revenir à la base de la base: ralentir et respirer pour accéder aux sensations de son corps physique et émotionnel. Et fermer une bonne fois pour toutes la porte à un yoga hyper capitaliste qui nous vend souvent des pillules magiques sous forme de postures de gymnastes, de retraites, de programmes et de leggings mais qui fait l’impasse sur la communauté et la dévotion.
*drops the mic*
Trop chaude yoga en ligne avec toi ! Et si possible le week-end ? 🙈 J’ai peur de revenir trop tard la semaine pour être à l’heure
Joyeuse reconnection 👉🏼👈🏼